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Légende du Faix du diable

Wanne
Trois-Ponts
Le faix du diable serait en fait un écroulement de roches qui auraient écrasé l'abbaye de Stavelot si Saint Remacle n'avait, pour éloigner Satan, eu recours à une ruse devenue légendaire.

Remacle a
Le faix du diable serait en fait un écroulement de roches qui auraient écrasé l'abbaye de Stavelot si Saint Remacle n'avait, pour éloigner Satan, eu recours à une ruse devenue légendaire.

Remacle arriva de l'Est, de ces pays qui sentent la neige et le chou. Il trouva les bords de l'Amblève à son goût. Il s'y installa. Dirigeant une équipe d'hommes, il fit bientôt construire dans la vallée des bâtiments aux proportions imposantes. On y voyait un cloître, une série de cellules abritant des moines, un réfectoire, un moulin à farine, un immense four, bref tout ce qui est indispensable à la vie d'une communauté.
A l'époque, on conta que Remacle lui-même avait mis la main à la pâte, transportant les matériaux sur un âne. Un soir, sa bête avait été dévorée par un loup. Remacle avait alors condamné le méchant à remplir l'office de sa victime. Ce que le loup avait fait sans trop rechigner. Il en avait crevé.

Au centre du monastère, Remacle avait aménagé un vaste espace pour l'église. Elle devait remplacer la chapelle en bois qu'on avait édifiée dès le début.
On se mit donc à la tâche. Des centaines d'hommes travaillaient au chantier. C'était une vraie fourmilière de terrassiers, maçons, charpentiers, couvreurs. On chantait partout à tue-tête. On pelletait, on piochait, on sciait, on clouait. Remacle dirigeait la manoeuvre. Les plans étaient prodigieux.
Bientôt, les murs sortirent de terre : énormes pierres d'angle, piliers, portails, travées. Il fallut cependant des années pour que la voûte s'élançât avec audace par-dessus la nef et délimitât ainsi l'endroit d'où, désormais, s'élèveraient les cantiques louant Dieu.
Quand l'église fut complètement terminée, on prépara sa dédicace. Remacle voulait que ce fût une grande fête. La chorale répéta ses plus beaux chants. On régla avec minutie tous les mouvements du cortège qui devait défiler d'un bout à l'autre du monastère. On planta partout des mâts porteurs d'oriflammes. On érigea des fausses portes de feuillages. On inscrivit sur de longues banderoles des phrases latines à la gloire du Seigneur. Même les trompettes thébaines préparèrent durant des jours, dans les bois proches, les airs à sonner aux moments les plus importants de la journée. Tout était fin prêt. Ce serait une totale réussite. Même le soleil était de la partie.
Ce matin-là, il brillait partout. Les collines fleuries descendaient se mirer dans l'Amblève et formaient autour de Stavelot un décor digne de ce qu'on allait vivre. Les cloches, déjà, avaient sonné joyeusement matines. D'un peu partout, les paysans endimanchés descendaient vers le monastère. On ne pouvait rater un tel spectacle : on en parlerait encore dans des siècles.
Après ses dévotions matinales, Remacle avait voulu se ménager un moment de solitude. Bientôt, une animation fiévreuse régnerait.

Il se promenait donc dans le cloître. Son pas sonnait clair sur les dalles. Et ce bruit se mêlait au babil de l'eau coulant d'une fontaine. Remacle revoyait les mois et les mois passés à dresser au cœur du monastère le sanctuaire qui serait tout à l'heure consacré.
Soudain, un bruit d'ailes froufrouta parmi les chapiteaux des colonnes. Aucune surprise d'abord, car, sans cesse, colombes et ramiers tombaient ainsi du ciel, à tel point qu'il fallait souvent les chasser à coups de gaule : ils eussent abîmé sans recours les belles images taillées au ciseau dans la pierre.
Mais ce frôlement de plumes n'avait pas eu cette fois la lourdeur qu'ont habituellement les gros oiseaux quand ils se posent et tentent de trouver équilibre sur leur perchoir. Cela avait été à la fois plus doux et majestueux. Comme un froissement d'étoffe soyeuse.
Surpris, Remacle se retourna. Il fut rempli de stupeur. Dans un angle du cloître, un ange lui souriait. C'était un beau jeune homme au teint clair, tout de blanc vêtu. On l'aurait facilement confondu avec un de ces adolescents gorgés d'air pur qui, l'après-midi, prendraient part à la procession. Mais les deux ailes frémissantes attachées à ses épaules et qui bougeaient faiblement ne laissaient planer aucun doute. C'était bien là un messager du ciel.

L'ange, d'ailleurs, continuait de sourire à Remacle. Un sourire qui paraissait engager l'abbé à s'approcher. Remacle tremblait. Il savait que les anges existent, mais jamais encore, il n'en avait vu de véritable. L'abbé s'agenouilla sur les dalles, non loin de ce curieux visiteur.
- Ne crains rien, lui dit l'ange. Je viens en ami pour t'instruire d'un grand danger. Le diable a conçu le projet de détruire ce que tu as bâti. Ce midi même, quand commencera la fête, il lancera sur le toit de ton sanctuaire, la plus grosse pierre qu'il a pu trouver, loin d'ici. La voûte s'écroulera, écrasant sous ses débris, moines et fidèles rassemblés. Dieu a surpris le diable en plein travail. Il m'envoie te prévenir.
Remacle était atterré. Quoi ? Le malin détruirait en un instant ce qu'on avait mis si longtemps à dresser ? Il imagina aussi le massacre. C'était horrible !

Un claquement d'ailes troubla le silence. Remacle leva les yeux. L'ange venait de s'envoler. Il frôla les colonnes de la galerie, franchit l'espace au-dessus du jardin et se perdit bien vite dans le ciel.
Remacle se releva. Pas un instant à perdre. Il sonna la cloche à coups répétés. Moines et convers accoururent aussitôt. Ils trouvèrent Remacle allongé, bras étendus, face contre terre. L'abbé invoquait Dieu et demandait secours. Quand il se releva, ses compagnons rangés en cercle le virent rayonnant. Il parla.
- Un ange m'a averti d'un grand péril, dit-il. Pour le conjurer, j'ai besoin, dans l'heure, de tous les vieux souliers et semelles qui traînent ici et aux alentours. Allez ! Ramenez m'en beaucoup !
Moines et convers éclatèrent de rire, croyant à une plaisanterie de leur Père. Mais Remacle gardait son visage grave. Il leur intima une nouvelle fois l'ordre de faire au plus tôt ample récolte. Les religieux s'égaillèrent.
En moins d'un tour d'horloge, ils avaient rassemblé plus qu'il ne faut de savates pour chausser un régiment. Toutes étaient éculées et hors d'usage.
Pendant ce temps, Remacle s'était couvert d'un froc troué. Il ressemblait ainsi à un vrai chemineau en guenilles.
- Toutes ces chaussures dans un sac, commanda-t-il.
Par une porte dérobée, il quitta alors le monastère tandis que, partout, retentissaient déjà les premières fanfares. Il portait sur l'épaule son sac rempli de semelles trouées.
Il alla ainsi à la rencontre du diable. Quand il l'aperçut, le malin achevait de gravir une colline. Il portait sur les reins une énorme pierre qui devait lui mordre les chairs. Le diable soufflait et suait. Il paraissait à bout. Apercevant l'homme au sac qui venait vers lui, il s'arrêta pour reprendre haleine et demanda : " Collègue, y a-t-il encore loin d'ici au monastère de Stavelot ? "

Avant de répondre, Remacle jeta son sac à ses pieds, puis le vida.
- Voyez, dit-il, je viens de là-bas. J'ignore au juste la distance que j'ai parcourue, mais voici ce qu'il reste de toutes les chaussures que j'ai usées depuis que je marche.

A ces mots, et voyant l'invraisemblable amoncellement de souliers râpés, le diable parut perdre courage. " Jamais je n'y serai à temps, marmonna-t-il " . Et il laissa tomber la pierre qu'il portait. Puis il se sauva en blasphémant. Il disparut dans un peu de fumée.

La fête de la dédicace put alors se dérouler comme prévu, dans la plus chaude des liesses et la plus fervente adoration. Souvent, par la suite, Remacle aimait montrer à ses ouailles le " faix du diable ". La pierre qui avait roulé très loin, du côté de Wanne.
Elle s'y trouve toujours.
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